📍 🇫🇷 Le joyau caché de Dijon

Il faut marcher des kilomètres hors du centre-ville chargé de monuments pour se rendre au véritable joyau de Dijon. Un joyau caché par des bâtiments hospitaliers et des murs interminables sans portes. On l'appelle le "Puits de Moïse".

Il s'agit d'une base hexagonale sculptée entre 1396 et 1405 pour le duc de Bourgogne. C'était au moment même où la France traversait une phase intense de la guerre de Cent Ans contre les Anglais. Et c'est un Hollandais, Claus Sluter, qui a exécuté la commande. Impossible d'imaginer l'historien français Henri Focillon plus élogieux que devant ce monument : « l'exemple le plus remarquable de l'harmonie entre le théâtre et l'art figuratif, et d'un drame où les prophètes de l'Ancien Testament, les maîtres de la ancienne loi, deviennent les cariatides [the supporting pillars] du Christ crucifié".

Car il faut imaginer au-dessus de ces six personnages une sculpture de la Passion du Christ qui a malheureusement disparu. A noter également la puissance du visage de Moïse, prophète du judaïsme : « intemporel, transfiguré, la tête renversée en arrière, les yeux fortement inscrits sous les arcades sourcilières, une longue barbe à deux pointes sur un corps robuste... le tout dessiné de manière rappelant une dynastie spirituelle portée plus tard par Michel-Ange et Rodin." (Focillon). Comme posé sur l'épaule gauche de Moïse, on peut lire sur un rouleau déplié un hommage obéissant (et peut-être coupable ?) des pères de l'Ancien Testament au Nouveau : « Le soir, la multitude des fils d'Israël sacrifiera l'Agneau. .."

____ Sources ____

>> Henri Focillon, "L'Art de l'Occident au Moyen Age", 1938