📍 🇫🇷 Chasteté à la Cathédrale de Lyon

Regardez d'abord la cathédrale de loin.

A droite, la Manécanterie, ancienne école chorale paroissiale. A côté, la cathédrale évidemment. L'historien français Henri Focillon (1881-1943) a loué ce duo comme représentant l'unité de l'architecture religieuse et civile au XIIe siècle, ce siècle de renaissance économique et culturelle en Europe. "Dans le dessin des travées, écrit-il sur la Manécanterie, dans le décor des archivoltes ou des chapiteaux, on retrouve les mêmes principes que dans l'art des églises..."

En approchant maintenant de la cathédrale, on trouve deux séries qui n'ont (heureusement) pas été trop endommagées par les querelles entre catholiques et calvinistes (protestants) au XVIe siècle : [1] des grotesques sculptés dans des quadrilobes et [2] des niches (ou bas-reliefs). Les quadrilobes affichent "l'énergie exquise du Nord" selon l'historien anglais Ruskin (1819-1900) - des scènes de chasse ou de guerre mélangées à des classiques bibliques. Toute passion et mouvement.

Mais le créneau "Lovely Lady" est ce qui a vraiment attiré l'attention de Ruskin. Son visage est en effet magnifiquement sculpté, ses mains indiquant une détermination à rester chaste. Le prétendant de droite (un évêque ?) échoue-t-il dans sa tentative de la tenter ? Ses mains sont fermes mais sa tête semble se pencher vers lui en même temps...

Comparez cela à d'autres niches et vous trouverez moins de subtilité, moins de mystère mais aussi moins d'artisanat - le feuillage semble réel dans la "Lovely Lady" mais caricatural ailleurs.

____ Sources ____

>> John Ruskin, "Pierres de Venise", 1851
>> Henri Focillon, "L'art de l'Occident au Moyen Age", 1938