📍 🇧🇷 Moody Camus à Rio
Après une traversée maritime de deux semaines, le romancier français Albert Camus (1913-1960) est enfin arrivé dans un Rio de Janeiro hivernal de juillet. Premières impressions pour lui : une baie sans fin, le Pain de Sucre et « un immense et regrettable Christ lumineux » (Corcovado) une fois le brouillard dissipé.
Au cours de ce voyage, Camus était souvent déprimé, malade, travailleur acharné. Il était déjà célèbre en 1949 - "The Stranger" a été publié en 1942, "The Plague" en 1947. Les ambassades et les élites locales l'ont reçu et célébré partout. Mais son humeur change peu malgré la somptuosité des couleurs et l'intensité des parfums : "On me demande de décroiser les bras sur les pistes de danse, alors je reste les bras pendants...", écrit-il dans son journal, souvent choqué par l'écart entre le luxe et la pauvreté derrière les paillettes.
Quittant la capitale pour se ressourcer à Madureira (occidentale), ou à Teresopolis (au nord), il revenait toujours à Rio avec une certaine mélancolie : « cette baie de Rio est trop spectaculaire à mon goût », Le baroque harmonieux est le seul chose à voir dans ce pays et ça se voit vite. Ce qui reste c'est la vraie vie. Mais dans ce pays démesuré, qui a la tristesse des grands espaces, la vie est très proche du sol et il faudrait des années pour l'intégrer. Je veux passer des années au Brésil ? Non."
Destination Sao Paulo début août pour découvrir de nouvelles curiosités, avant des escales en Uruguay et au Chili. Rio n'avait guère de sens pour un intellectuel obsédé par ce que toute cette aventure humaine pouvait signifier.
—
Sources
Albert Camus, « Carnets », juillet 1949