📍 🇫🇷 La sobriété inspirante d'Albi
"La masse de briques d'Albi a frappé mon âme comme un marteau", a écrit l'écrivain anglais Rudyard Kipling (1865-1936) dans ses mémoires.
Pourtant, la brique n'était pas destinée au jeune Kipling. Il s'agissait d'une défense contre les menaces religieuses. Après la défaite de la croisade anti-albigeoise (1203-1229 CE) menée par le roi de France basé à Paris contre la région d'Albi (une intervention militaire motivée par l'abandon du catholicisme par la région pour l'« hérésie » cathare plus austère), les dirigeants locaux avaient renoncer au catharisme. Mais ils se sont lancés dans un projet qui combinait leur désir d'une pratique religieuse plus austère - moins distraits par des décorations fantaisistes tout autour - avec la nécessité de se protéger contre de futures attaques.
La cathédrale d'Albi a été construite en 1282 CE pour servir cet objectif. L'historien français Henri Focillon a fait un constat remarquable sur l'impact esthétique de la primauté accordée aux considérations tactiques :
"Une masse compacte, avec une silhouette particulièrement élancée - pas de transept [plan général en forme de croix] [general plan in the form of a cross] ou de chapelles ici. Pas d'arcs-boutants non plus[too vulnerable] mais d'épais contreforts [colonnes épaisses] arrondis comme des tours ; ces mêmes éperons vers l'extérieur pénètrent alors à l'intérieur de la cathédrale depuis le sol jusqu'aux voûtes d'en haut... Un vaisseau contigu qui n'a eu ni modèle ni imitation."
Peintures et sculptures de la cathédrale ont été ajoutées plus tard, lui donnant des couleurs et du mouvement, mais le message initial de sobriété reste plus fort à ce jour.
____ Sources ____
>> Kipling, "Souvenirs de France", 1933
>> Henri Focillon, "L'art de l'Occident au Moyen Age", 1938