📍 🇫🇷 La Sainte-Chapelle : un coffre-fort et une révolution

"L'un des grands névrosés de l'histoire, écrivait l'historien français Maurice Druon en analysant le comportement du roi de France Louis IX (1214-1270)... s'il n'avait pas été enclin à la sainteté, il aurait pu être un monstre".

Après avoir acquis (à grands frais) la "couronne d'épines" prétendument portée par Jésus-Christ lors de la Crucifixion, Louis IX décide aussitôt de surélever la Sainte-Chapelle pour y entreposer la sainte relique. Les archives médiévales révèlent qu'il est arrivé pieds nus à Paris avant d'introduire le pieux trophée à Notre Dame de Paris le 18 août 1239 CE - vêtu d'un simple drap de lin blanc (Hillairet). Lui seul avait la clé de la chapelle pour montrer l'objet sacré à des nobles français sélectionnés par ses soins. Un outil de prestige évidemment - de légitimité divine pour la royauté française.

Mais la Sainte-Chapelle n'est pas qu'un coffre-fort. C'est un tournant à la fois architectural et artistique. Pourquoi?

Considérons d'abord la structure en pierre révolutionnaire décrite par l'historien français Henri Focillon : "un système qui semble défier les lois de la gravité - avec des contreforts extérieurs et des archivoltes [arcs en pointe aux fenêtres] [spikes at the tip of windows rather than a weaker roundness] qui reçoivent la charge au-dessus et laissent percer les murs pour faire entrer la lumière...". Les édifices religieux étaient souvent sombres auparavant, par peur d'un s'effondrement si trop de pierres étaient remplacées par des fenêtres plus fragiles.

Deuxièmement, sur le plan artistique cette fois : tout autour de la chapelle, on trouve 1113 histoires de l'Ancien Testament racontées par des fenêtres de quinze mètres de haut. Tout dans un ordre chronologique, de gauche à droite. Sans précédent. Aujourd'hui, la couronne prétendument portée par Jésus dans ses derniers instants n'est plus là, mais le bâtiment lui-même mérite des heures de contemplation.

____ Sources ____

>> Henri Focillon, "L'art de l'Occident au Moyen Age", 1938
>> Hillairet, "Évocation du Vieux Paris", 1952
>> Maurice Druon, "Les rois maudits", vol.2, 1956 2, 1956